Littératures anglophones

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dimanche, avril 25 2010

Pat Conroy - Beach Music

Vaste roman. Que j’ai bien failli ne pas lire tant le début m’a agacée : si l’on y retrouve des thèmes familiers au lecteur du Prince des Marées (la mère impossible et séduisante, le père violent, le Sud passionnément aimé pour sa nature et haï pour son conservatisme inébranlable, la jeunesse et le vieillissement, la cuisine….), il y a dans tout le début de ce roman un excès de pathos et de lyrisme, et une surabondance d’adjectifs qui frise l’indécence (et pourtant, je ne suis pas moi-même avare d’adjectifs : mais là… j’en soupirais d’agacement !). Et puis les dialogues : il y en a dix fois trop ! dix fois trop longs ! Les cinq frères McCall ont un esprit caustique assez étincelant, mais est-il bien utile d’en infliger au lecteur la lettre complète au lieu de la simple substance ? Pour autant, on se prend aux personnages hauts en couleurs (quoique certains soient moins convaincants que d'autres - le pianiste Georges Fox, par exemple) de cette histoire-fleuve entre Italie et Waterford, Caroline du Sud, avec en double fond l’histoire tragique des juifs d’Europe centrale et la Guerre du Viêt-Nam. Si bien que j’ai mené ma lecture à son terme. C’est un bon roman populaire, où les héros s’efforcent de conjurer les douleurs de L’Histoire et de leurs héritages intimes jusqu’à se risquer au bonheur. Mais la fin en est outrageusement consensuelle et l’inventivité romanesque, réelle, y pâtit d’une forme de logorrhée, d’une facilité de plume, et, en somme, d’un manque de (re)tenue.

dimanche, décembre 20 2009

Helene Hanff, pour les amoureux des livres et des lettres

14e. 95th st.
nyc
4 jan. 1956

« je me suis cachée sous mon lit pour vous écrire, c’est là que le catulle m’a conduite.
franchement, ça DÉPASSE l’entendement.
Jusqu’à présent, le seul Richard Burton que je connaissais, c’était un jeune et beau garçon que j’ai vu jouer dans deux ou trois films britanniques. J’aurais préféré m’en tenir là. Le vôtre a été anobli pour avoir transformé Catulle – caTULLe – en mièvreries victoriennes.
quant au pauvre petit m. smithers, il a du avoir peur que sa mère ne le lise et il se donne un mal FOU pour l’expurger à fond.
enfin, disons que vous allez me trouver un beau Catulle en latin tout simplement, je me suis acheté un dictionnaire Cassel, je me débrouillerai moi-même pour les passages difficiles. 
(…) J’ai mis de l’argent de côté à la caisse d’épargne en prévision de l’été prochain : si la télé continue à me nourrir jusque là, je réussirai finalement à aller en Angleterre. Je veux voir la cathédrale Saint-Paul, le Parlement, La Tour de Londres, Covent Garden, l’Old Vic et la Vieille Mme Boulton.  Je joins un billet de dix dollars pour ce truc, ce catulle relié en toile blanche – avec des signets de soie blanche en plus ! frankie, où TROUVEZ-vous des trucs pareils ?!»

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lundi, décembre 14 2009

Joseph Boyden - Les Saisons de la solitude

L’un des grands plaisirs de la lecture, c’est la clandestinité. Ces moments soustraits au cours ordinaire des journées ou des nuits, où l’attraction du livre, fût-il resté à l’étage sur la table de nuit, devient si forte qu’on laisse pour lui la préparation du repas, le paquet de copies entamé, ou, en plein réveil nocturne intempestif, le désir de se rendormir pour se réveiller fraîche le lendemain. On plonge, en s’accordant tout au plus un quart d’heure ou une demi-heure, et quand on lève le nez, le repas n’est pas prêt bien qu’il soit l’heure, les copies attendront le lendemain, ou bien le jour se lève et il est grand temps de filer. Remords et plaisir, et sans doute, plaisir parce que remords. Quand j’étais élève, je lisais en cours. Je me suis fait surprendre un jour en grec (nous étions moins d’une dizaine), plongée dans un Zola (c’était ma phase Rougon-Macquart enfilés à la queue-leu-leu) : "Agnès O, levez-vous". Naturellement le livre est tombé (L’Argent ? Le Ventre de Paris ?). Le savon a été du genre glacial, ce sont les pires. J’ai continué, ailleurs qu’en grec.
Ma dernière lecture volée, c’est  Les Saisons de la solitude, le dernier roman de Joseph Boyden, dévoré avec d’autant plus d’ardeur que je l’avais égaré pendant trois bonnes semaines, intense frustration. Je l’ai donc repris où je l’avais laissé, au tiers, puis j’ai relu presque tout l’ensemble. Autant dire que je reste une fervente lectrice de ce jeune auteur canadien, dont j’ai chroniqué ici les deux autres œuvres publiées, Le Chemin des âmes, puis le recueil qui l’avait en fait précédé chronologiquement Là-haut vers le nord. Au passage, aucun des trois titres n’est traduit littéralement. Celui-ci, c’est Through Black Spruce (À Travers les épicéas noirs ?). Ce qui apparaît à sa lecture, c’est que Boyden est en train de faire de son œuvre une fresque, une saga, que faut-il dire ? en tout cas, les deux héros, les deux voix de ce vaste roman sont Will Bird et sa nièce Annie, c’est-à-dire le fils et la petite-fille de Xavier Bird, « X », le héros du ''Chemin des âmes'', dont le fusil de tireur d’élite, enveloppé d’une couverture, est aussi l’une des voix mineures du roman. On croise aussi, page 92 exactement, le jeune Crow brûlé après avoir mis le feu à la maison de sa tante : c’est le personnage principal d’une des dernières nouvelles de Là-haut vers le nord, ''White-spirit'', une de celles qui réunissent et structurent toute la dernière partie. L’œuvre de Boyden se construit donc dans un souci affiché de cohérence, tissant à l’intérieur de chaque œuvre et entre les œuvres un réseau d’échos et de correspondances qui donnent au lecteur le sentiment d’une familiarité croissante avec cet univers et ses personnages.

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vendredi, octobre 30 2009

Mary Webb - Sept pour un secret

Les flâneries sur la toile sont pleines de surprises. J’ai cédé, je l’avoue, aux sirènes de la tentation, et suis allée me coucher hier avec un autre Mary Webb, Sept pour un secret. Roman séduisant, comme l’est le personnage de Robert Rideout, le berger-vacher (sheep-and-cow-boy ? comment peut-on dire cela en anglais ?) habité par le souffle de la création poétique, et auteur de ''pennillions'', poèmes gallois de tradition orale, et autres chansons rustiques dans lesquelles il célèbre solitairement la figure traîtresse de sa capricieuse bien-aimée Gillian Lovekin. Séduisant, captivant même, mais foutrement mal fichu, et même carrément bâclé à la fin, comme ne manque pas de le signaler la romancière elle-même dans le dernier chapitre : « Arrivé ici, le lecteur doit s’indigner. Quelle est l’explication du titre ? Pourquoi tout s’en va-t-il en morceaux comme cela ? Pourquoi Robert et Gillian sont-ils seuls dans le cottage de Robert, à sept heures et demie du matin ? Qu’est-il advenu de Johnson, de Fringal et d’Elmer ? Personne ne s’est-il aperçu de l’absence de Ruth ? Que fait la police ?
- cette dernière question m’a fait pouffer - . (…) Mais les choses se passèrent presque comme elles doivent le faire dans un roman bien composé. »
Tout est dans le « presque » en effet, parce que si cette fin n’est pas expédiée, au détriment du destin des personnages justement évoqués dans les questions prêtées au lecteur, et de tout ce que laissait attendre la construction antérieure du roman, je veux bien manger mon chapeau. Avec tout le respect que j’ai pour elle, Mary Webb semble là s’être carrément débarrassée de la plupart de ses personnages, pour ménager à l’arrache une fin heureuse qui aurait nécessité à mon avis quelques dizaines de pages supplémentaires. Roman séduisant donc, mais, sachez-le, raté quand même, et qui ne donne nullement le sentiment de plénitude que donne la lecture de Sarn. Il est dédié à Thomas Hardy, autre grand romancier de l’Angleterre ancestrale et rurale, pleine d’âpreté, de douleurs, de bible et de légendes, dont il faudra bien un jour que je chronique ici, sous la rubrique « Pavés » « Jude l’Obscur », ce sombre récit d’amour et de souffrance dont on retrouve quelques échos dans l’intrigue de Sept pour un secret.

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jeudi, octobre 29 2009

Sarn, de Mary Webb (1924)

Je l’avais lu adolescente, en livre de poche, une couverture à illustration  rustique, un peu genre Le Grand Meaulnes, avec étang et barque. Perdu, plusieurs fois sans doute. Puis racheté aux Cahiers Rouges, qui l’avaient réédité il y a une bonne dizaine d’années. Reperdu, et pas racheté car il était épuisé à nouveau. Alors je me suis laissée aller et après l’avoir désiré longtemps, je l’ai commandé sur « Livre Rare », dans une édition illustrée numérotée sur vélin, à un prix somme toute modique si l’on considère celui des livres neufs. Même si les lithographies d’Emilien Dufour sont un peu trop mièvres et bouclées pour mon goût, elles accompagnent joliment un texte qui m’est précieux depuis toujours, et que je prêterai désormais moins facilement, parce que c’est un beau livre, et parce qu’il fait partie des « démons » familiers de mon panthéon littéraire personnel.

Précieux.  Le titre anglais est « Precious Bane », non moins difficile à déchiffrer qu’à traduire. Cela doit signifier « précieux sortilège », ou « poison ». Mais il me semble avoir lu un jour que le mot désignait aussi une mauvaise herbe, souvenir vague, un peu inconsistant. Jacques de Lacretelle  - au demeurant correspondant et dédicataire de Proust – a choisi de le traduire par Sarn, titre bref, mystérieux, rude. C’est le nom qui incante le roman : celui de l’étang, « miroir obscur où les longues ombres des roseaux lancent leurs pointes contre les mouvantes étoiles », celui de la ferme et  de ses habitants : Prue et Gédéon Sarn, la douce jeune fille éblouie par la beauté du monde et son frère, sombre, splendide et habité par la rage de posséder toujours plus. Il y a aussi le père, brutal et dévot, mort au début du roman d’un accès de fureur, et dont Gédéon tout jeune homme se fait le « mangeur de péchés », et la mère, plaintive et tendre, qui ne cesse de répéter en regardant sa fille : « Est-ce ma faute si le lièvre a croisé mon chemin ? ». Et puis il y a, de l’autre côté de l’étang, le sorcier Beguildy, qui sait lire et en enseigne à Prue les secrets, bien qu’il soit, non pas méchant, mais « dépourvu de bonté », sa femme aimable et avenante, et leur fille, Jancis, petite et potelée, blanche « comme le lait et l’aubépine », blonde « comme une abeille dorée », et qui, pour son malheur, aime Gédéon.

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lundi, septembre 28 2009

Mendelsohn - Les Disparus - Récit (?) polyglotte, cosmopolite et universel

« (…) la véritable raison pour laquelle je préférais les Grecs, par-dessus tous les autres, aux Hébreux, c’était que les Grecs racontaient les histoires comme les racontait mon grand-père. Lorsque mon grand-père racontait une histoirepar exemple, celle qui se terminait par Mais elle est morte une semaine avant de se marier il ne recourait pas au procédé évident de commencer par le commencement et de terminer par la fin ; il préférait la raconter en faisant de vastes boucles, de telle sorte que chaque incident, chaque personnage, mentionné pendant qu’il était assis là, sa voix de baryton déchirante oscillant sans cesse, avait droit à sa mini-histoire, à une histoire à l’intérieur de l’histoire, un récit à l’intérieur du récit, de telle sorte que l’histoire ne se déployait pas, comme il me l’a expliqué un jour) comme des dominos, une chose se produisant après une autre, mais plutôt comme des boîtes chinoises ou des poupées russes, chaque événement en contenant un autre, qui à son tour en contenait un autre, et ainsi de suite. D’où le fait, par exemple, que l’histoire qui expliquait pourquoi sa sœur superbe avait été obligée d’épouser son cousin laid et bossu commençait, nécessairement du point de vue de mon grand-père, par l’histoire de son père mourant brutalement, un matin, dans le spa de Jaremcze, puisque c’était après tout le début de la période difficile pour la famille de mon grand-père, des années terribles qui allaient en définitive forcer sa mère à prendre la décision tragique de marier sa fille au fils bossu de son frère, en paiement du prix du passage en Amérique pour commencer une nouvelle vie, mais tout aussi tragique au bout du compte. Bien entendu, pour raconter l’histoire de la façon dont son père était mort brutalement, un matin à Jaremcze', mon grand-père devait s’interrompre pour raconter une autre histoire, celle de lui et sa famille, à la période faste, passant des vacances dans certains spas magnifiques, à la fin de chaque été, par exemple à Jaremcze, sur les contreforts des Carpates, quand ils n’allaient pas au sud mais à l’ouest, dans les spas de Baden ou de Zakopane, un nom que j’adorais. Ensuite, pour donner une meilleure perception de ce qu’était la vie à l’époque, pendant cette période dorée d’avant 1912 et la mort de son père, il repartait plus loin dans le temps pour expliquer ce qu’avait été son père dans leur petite ville, quel respect il avait inspiré et quelle influence il avait exercée ; et cette histoire, à son tour, l’emmenait au tout début, à l’histoire de sa famille à Bolechow depuis que les premiers Juifs y étaient arrivés, depuis la période où Bolechow n’existait pas encore.
L’une après l’autre les boîtes chinoises s’ouvraient, et je restais assis à contempler chacune d’elles, hypnotisé. »

Tel est ce grand-père maître des histoires, de leur contenu, de leur forme, de leur marche déchirante et tortueuse, dont la prose sinueuse de Daniel Mendelsohn restitue le goût du détour. Fascinant grand-père à l’origine de toutes les histoires, de tous les héritages. C’est lui qui, par son récit de la sœur « épouse de la mort » a jeté son petit-fils sur les traces d’Antigone et des épouses-vierges, dont il devait faire son sujet de thèse, avant de découvrir au terme d’une longue exploration des archives familiales et publiques quelle « réécriture », ou relecture, l’histoire de la sœur Rachele-Ray avait subie (c’est l’objet de L’Étreinte Fugitive). C’est lui encore qui rend son petit-fils dépositaire de la quête de son frère Schmiel, disparu avec son épouse et leurs quatre filles, seuls de la famille à ne pas avoir émigré, disparu donc dans la tourmente de la guerre et des pogroms. « Les Disparus » narre par le menu cet autre versant de l’histoire familiale, les enquêtes et les détours à travers le monde, à la poursuite des traces les plus ténues des disparus, qui cinq ans après conduiront Daniel Mendelsohn, son frère Matt, photographe, et son amie Froma à l’intuition de magicienne à retrouver les lieux exacts où Shmiel et sa fille la belle Frydka, vécurent dissimulés avant d’être dénoncés et exécutés.
Mais ce livre est un pavé, et j’en reparlerai.

samedi, août 1 2009

Wisconsin / Le Guerrier-tortue, donc.

Roman polyphonique, composé comme un puzzle de dates : l’ouverture, à l’automne 2000, à travers le regard d’Ernie Morriseau, un vieux paysan métis d’indien Ojibwé, qui médite sur le sens de sa vie, au cœur du monde et de l’histoire. Puis flash back jusqu’en 1967/68, puis 76, puis 82/83, puis 98 et, pour la coda, retour à l’automne 2000.

Les premières pages nous font rencontrer le héros, Bill Lucas, 9 ans, aux prises avec la passion mêlée de fureur que lui inspire le comportement de son grand frère Jimmy ce jour-là massacreur d’une tortue-alligator . C’est aussi le jour où la famille Lucas apprend le départ de Jimmy pour le Vietnam : il s’est enrôlé dans les Marines pour échapper à la ferme, à son père alcoolique, incapable et brutal, et à la dépression chronique de sa mère Claire. Le décor est planté : il y a la ferme des Lucas et celle mitoyenne de Rosemary et Ernie Morriseau, la première négligée et empreinte de violence, la seconde bien entretenue et accueillante, il y a la nature sauvage habitée d’êtres antédiluviens comme les tortues, il y a la tendresse et la haine, et la violence des relations entre les hommes, il y a la brutalité de l’histoire. C’est Bill, le guerrier-tortue qui combat des ennemis imaginaires à grands coups de son épée de bois, abrité derrière la vaste carapace d’une tortue-bouclier.

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Deux américains - Ellis, " The Turtle Warrior" - Mendelsohn, "The Elusive embrace"

Rien de plus radicalement divers, disparate, « antipodique », que les deux auteurs que je viens de lire. Tous deux américains, mais là s’arrête le lien. Mary R. Ellis est l’autrice d’un roman, Wisconsin, titre français pour 'The Turtle warrior, Le Guerrier tortue, titre beaucoup plus significatif, et ma foi efficace et mystérieux, pourquoi y avoir renoncé ? Daniel Mendelsohn a écrit un texte très atypique, d’inspiration autobiographique, L’Étreinte fugitive, The Elusive Embrace, comme il l’indique lui-même dans la préface qu’il a donnée à l’édition française. Un essai

Le premier est un grand roman de l’Amérique en son histoire avec familles, passé indien, nature sauvage et habitée d’esprits. Le second, une méditation sinueuse et érudite sur une identité, le « je » d’un homme issu de deux lignées de juifs polonais émigrés aux États-Unis à l’orée du XXe siècle, « gay *», New Yorkais, professeur de littérature classique, et « référent masculin » d’un petit garçon dont il n’est pas le père biologique, mais avec la mère duquel il en est venu à mener, en plus de ses autres vies, une relation quasi conjugale, en banlieue.

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vendredi, juillet 24 2009

L'île au Trésor

Une auberge isolée sur la côte ouest du Pays de Galles, une île en forme de dragon dressé, dominée par la Colline de la Longue-Vue d’où l’on surplombe l’Îlot du Squelette. Le « Capitaine » Billy Bones, ivrogne à l’inquiétante balafre blême et au coffre mystérieux, échoué et caché à l’auberge de l’Amiral Benbow, l’aveugle Pew à la poigne de fer, Long John Silver l’unijambiste et son perroquet dont le nom commémore le Capitaine Flint, pirate illustre dont le souvenir est associé à un trésor fabuleux…

C’est L’Île au Trésor de Robert Louis Stevenson. Lecture d’enfance renouvelée parce que la bibliothèque de la maison qui nous accueille en recelait un exemplaire illustré – et, je pense adapté quoique rien ne l’indique, mais je ne retrouve nulle part l’épisode des perroquets de l’île sacrant comme des pirates – un « Grand Album des Deux Coqs d’Or », 1963.

L’histoire est contée par le jeune Jim Hawkins, le fils des aubergistes, consacrant par le passage à l’écriture son entrée dans l’âge d’homme. Il est l’un des héros de la quête du trésor, en compagnie du bavard squire Trelawney, du sage docteur Livesey et … de Long John Silver, engagé sur le schooner l’Hispaniola comme cuistot, virevoltant, la béquille au cou, sur sa jambe unique, dans sa cuisine étincelante.

Il y a donc des méchants et des gentils, des pirates et d’honnêtes gens, des bavards et des silencieux. Il y a la marque noire et le tonneau de pommes, une carte et un fortin, et la poétique guirlande des termes de marine. Il y a l’inquiétant refrain des quinze loups de mer sur le coffre du mort, du rhum à flots, de la poudre, beaucoup d’or.

Enquête et récit d’aventures, roman d’apprentissage obscur et angoissant comme un cauchemar, c’est mené tambour battant dans une langue à la fois riche et sans fioritures. La morale y est sauve, sans manichéisme. John Silver est un bandit sans foi ni loi, un pirate prompt au crime, qui pourtant contribue à l’éducation de Jim auquel il voue une sorte d’affection payée de retour. Je comprends que ce roman ait enchanté des générations de jeunes lecteurs : il y a tout ce qu’il faut, du récit à la première personne aux épreuves surmontées, pour captiver et emporter. Bones, Silver, Gunn, des ossements, de l’argent, de la poudre - et du noir, de l’or, du sang : les motifs et les couleurs d’un blason de l’imaginaire en ses désirs et ses terreurs. Mais le lecteur adulte n’y trouve ni mièvreries ni facilités, comme c’est si souvent le cas lorsqu’on relit des lectures d’enfance (o ma déception à la relecture des Cinq Sous de Lavarède de Paul d’Ivoi !). Stevenson, qui conta avec verve ses aventures et mésaventures avec l’ânesse Modestine sur ces chemins des Cévennes où je suis en vacances, Stevenson n’est pas un « auteur jeunesse ». C’est un génial connaisseur des facettes obscures de l’âme humaine que ses fictions déploient, étirent, tricotent tortueusement dans une langue pleine de clarté. Un classique, à lire et relire sans délai.

samedi, juillet 11 2009

Le Cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Ma jeune et joyeuse amie Hélène appelle cela un « roman de bichette ». Dans sa nomenclature personnelle, cela semble désigner ce que j’appelle pour ma part un « roman reconstituant », avec une nuance supplémentaire de romanesque, versant féminin. Est-ce d’ailleurs un roman susceptible de plaire aux messieurs ? Oui, sans doute, si l’on considère que c’est LE libraire qui nous l’a conseillé, et que le succès mondial d’un bouquin ne peut tout de même pas venir de ses seules lectRICES ? Encore que. En tout cas, nous nous en entretînmes avec une satisfaction joyeuse, après l’avoir lu quasiment au même moment. Nous n’en avons même pas évoqué tel ou tel personnage ou telle ou telle anecdote. Seulement la sorte de plénitude éprouvée à trouver chaque situation et chaque personnage à sa place avec le ton juste, et le plaisir de dévorer  un-roman-qui-reste sans arrière-pensées en une période de grande fatigue. Autre « roman-de-lecteurs », au passage. Il faudrait se pencher sérieusement sur cette tendance, mais je n’ai certes pas pour l’heure l’esprit en état. Brèfle.
C’est un roman épistolaire, dont la voix « dominante » (encore qu’elle ne domine guère, en proie qu’elle est à toutes les incertitudes) est celle Juliet Ashton, 33 ans, autrice d’un best seller d’après-guerre, les Chroniques d’Izzy Bickerstaff pour le Spectator rassemblées en volume. Articles légers écrits au fil des six années de guerre pour lutter par l’humour contre le désarroi et le marasme. Mais Juliet en a assez d’Izzy, de la campagne de promotion du livre organisée par son cher ami, éditeur et mentor Sidney à travers le pays, et ses lettres à son amie Sophie (au demeurant sœur de Sidney mariée en Écosse) et à Sidney lui-même en témoignent. Elle en a assez de la guerre, et son prochain livre piétine. Jusqu’à ce qu’elle reçoive de Guernesey une lettre inattendue, cependant qu’un riche et séduisant éditeur new-yorkais a entrepris de l’assiéger à grands renforts de fleurs rares, de dîners fins, de sorties au théâtre et de soirées dansantes, à la grande réprobation de Sidney d’ailleurs.

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lundi, juin 29 2009

Alan Bennett – La Reine des lectrices (Denoël et d'ailleurs)

 Les livres sont une merveilleuse invention, vous ne trouvez pas ? dit-elle au recteur, qui opina de la tête. Au risque de passer pour une midinette, je dirais qu’ils ont tendance à développer la sensibilité des gens.

Jean Genêt, Ivy Compton-Burnett, Nancy Milford, Anita Brookner, J.R. Ackerley, Trollope, Jonathan Swift, Proust, Dylan Thomas, Kilvert, Vikram Seth, Silvia Plath, Lauren Bacall, E.M. Forster, Mary Renault, Babar, Dostoïevski, Shakespeare of course, Samuel Pepys, Jan Morris, John Cowper Powys, Jane Austen, Virginia Woolf, Alice Munro, Jane Austen, les Brontë, George Eliott, Thackeray, Dickens, Thomas Hardy, Betjeman, Philip Larkin, Christopher Isherwood, Henry James…. Il y a beaucoup d’Anglais, encore certains ont-ils dû passer à travers les mailles de ma liste. C’est que l’Uncommon Reader dont il est question dans cette brève pochade allègre et malicieuse, est sans doute la plus illustre des Anglaises. La Reine des lectrices, telle est la traduction française bien venue de cet ouvrage dont le titre anglais est un clin d’œil à Virginia Woolf, auteur du Common Reader, Le Lecteur ordinaire, ouvrage très connu outre-Manche mais parfaitement ignoré par chez nous.
Pas très « commune » en effet : c’est la reine d’Angleterre soi-même, Elizabeth la seconde, qui est un jour visitée par le virus de la lecture, à l’occasion du passage derrière les cuisines du bibliobus de Westminster intempestivement investi par ses chiens.



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mercredi, avril 29 2009

James Lee Burke - Dans la Brume électrique avec les morts confédérés

In the Electric Mist with Confederate Dead. C’est un si beau titre ! On comprend que Bertrand Tavernier l’ait raccourci pour ne pas encombrer l’affiche, et parce que cet hémistiche sonne beau et étrange. Mais pourquoi diable Rivages a-t-il jugé bon de perpétuer cette amputation pour le roman, en précisant en page intérieure quel était l’ « ancien titre ». Ce n’est pas l’ancien titre, c’est le titre tout court ! tout long plutôt d’ailleurs. Le lecteur a beau être stupide, avec le portrait de Tommy Lee Jones en couverture, il doit pouvoir comprendre que l’un est la transposition de l’autre ! Autre regret, puisque je commence par râler : je pense qu’il serait opératoire d’avoir une carte des lieux, et quelques notes plus fournies que les rares que fournit l’édition sur le lexique spécifiquement local : la musique zydeco par exemple, ou le style bottleneck, ou ce que Burke entend par une tête d’huile (une huile ? or what else ?), un mélia ou même un bayou, tout le monde ne sait pas ce que c'est, sans parler des Dr Pepper que boit Dave Robicheaux et dont je suppose qu’il s’agit d’une boisson non alcoolisée puisqu’il a arrêté de boire, mais mes connaissances en cette matière sont minces, et sans doute ne suis-je pas la seule ? Brèfle. Ayant fini de ronchonner je peux dire à présent que ce roman est encore plus beau que le film, dont il éclaire quelques zones obscures (il a dû être difficile de concentrer l’extrême complexité de l’intrigue). Or le film est absolument magnifique, et Bertrand Tavernier est précisément en ce moment où j’écris en train de parler de la musique extraordinaire, angoissante, dissonante composée par Marco Beltrami pour son film, et qui rend de façon tellement lancinante l’atmosphère de cette Louisiane obsédée d’Histoire, de catastrophes et de crimes.

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lundi, avril 27 2009

Percival Everett - Désert Américain

J’ai un penchant déclaré, lorsqu’un auteur me séduit, à écluser ses ouvrages disponibles. Il y a eu, l’été dernier, Irène Nemirovsky, ou Westlake, ou McEwan. Ces derniers temps, c’est Percival Everett. Heureusement, il n’y en a pour l’instant que quatre traduits en français. Après mon interminable tartine d’hier sur Effacement, je serai plus brève.
Désert américain est aussi une satire, débridée, féroce. Qui commence par une mise en pièces, celle du héros, décapité par son pare-brise dans un accident de voiture alors qu’il était en route vers son suicide. Oui, mais voilà. En pleine cérémonie funèbre, alors que son oraison vient d’être prononcée, Ted Street se redresse et sort de son cercueil, nu de la taille aux orteils parce que le patron des pompes funèbres lui a piqué son pantalon. Décès dans l’église même de deux assistants par crise cardiaque, chaos, émeute gigantesque dans toute la petite ville de Californie, effervescence nationale. Est-il mort, est-il vivant ? Si ses sensations physiques ont quasi disparu, Ted ressent les émotions sur un mode beaucoup plus intense, en particulier à l’égard de sa famille, bouleversée à tous les sens du terme par cette expérience totalement inédite.

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dimanche, avril 26 2009

Percival Everett - Effacement

erasure.jpgThelonious (Monk) Ellison est professeur d’université et romancier. Il écrit des textes difficiles, - que sa sœur Lisa avoue ne pas arriver à lire -, parodie réflexive de recherches littéraires à la Barthes ou réécritures érudites de textes antiques, lesquels n’ont aucun succès, non pas tant à cause de leur difficulté que parce qu’ils n’ont rien à voir avec « l’expérience afro-américaine ». Car Thelonious (Monk) Ellison est noir, et se doit donc, selon la critique, d’écrire des textes ancrés dans la sociologie et la psychologie afro-américaines. Célibataire, il voit sa famille s’effilocher peu à peu : le père, médecin adulé de ses patients, s’est suicidé sept ans plus tôt, la mère glisse peu à peu dans l’oubli apporté par la maladie d’Alzheimer, sa sœur Lisa est assassinée, la gouvernante de toujours, Lorraine, épouse tout à coup un vieux soupirant de vacances, et son frère Bill, après un outing assez piteux, disparaît de sa vie sur un « fuck off » laconique et définitif.

Ulcéré par le succès national d’un pseudo-témoignage sur l’expérience du ghetto, obligé pour s’occuper de sa mère de quitter sa vie sur la côte ouest et de s’installer dans la maison familiale de Washington, à court d’argent, Monk compose dans un jaillissement de rage parodique un bref roman « My Pafology » (bizarrement rendu dans la traduction par « Ma Pataulogie »), attribué à un certain Stagg R. Leigh. C’est le récit à la première personne , en prétendu argot de ghetto, de l’aventure d’un jeune noir de 19 ans, Van Go Jenkins, chômeur, violent, violeur, raciste, meurtrier en puissance puis en acte. Un « fucker », si je puis me permettre ce néologisme, sa langue et son rapport aux autres se réduisant à peu près à cette quasi interjection, qui deviendra le titre définitif du roman (« Putain », dans la traduction). Envoyé par lassitude et par défi à l’agent de Monk, le roman est immédiatement accueilli avec faveur par l’un des plus grands éditeurs américains (Random House), puis les droits en sont achetés pour une somme faramineuse par un producteur de cinéma. S’il n’a plus de problèmes d’argent, Monk est en revanche chaque jour plus investi par la personnalité de Stagg R. Leigh, au risque de trahir chaque jour un peu plus ses idéaux humains et esthétiques.

Telle est, sommairement résumée, l’intrigue d’Effacement, en anglais Erasure. Mais un tel résumé ne donne qu’une vision linéaire, étroite, une vague idée de la diabolique construction de ce roman que j’ai lu – deux fois – dans une joie et une fièvre intenses. Car il s’agit aussi, surtout, d’une mise en œuvre, en acte, d’une réflexion profonde, aiguë, excitante sur l’art du roman, afro-américain ou pas, aujourd’hui.

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dimanche, avril 5 2009

Blessés - Percival Everett - Actes Sud Babel

L’un des chevaux s’appelle Félonie, l’une des juments Loyale, la mule impossible à tenir enfermée dans un enclos ou un box et toujours en vadrouille, Fléau, la chienne Zoé, et la petite femelle coyote miraculée à trois pattes s’appellera finalement Émilie, du nom d’une vieille dame vive et coriace récemment trépassée. Ça plante un décor. C’est l’univers – animal - familier de John Hunt, le rancher quadragénaire qui vit en lisière du désert rouge avec son vieil oncle Gus, un type laconique et bienveillant, fin cuistot, à qui on ne la fait pas. Il élève et dresse, avec doigté, douceur et fermeté, des chevaux. Il y a encore Morgan, la fille d’Émilie, qui a entrepris avec patience de séduire John, malgré la douleur mêlée de remords qu’il porte depuis l’accident de cheval qui a tué sa femme, six ans plus tôt.

Mais il y a aussi les grottes qui fascinent John, entrailles rocheuses obscures où il revient périodiquement, et la splendeur du désert au bord duquel il a fait un jour escale, délaissant toute vie mondaine. Et puis la petite ville de Highland, avec son shérif, ses bars, sa routine et ses blagues, son ennui.

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samedi, février 21 2009

McEwan, en vrac

Ces vacances me laisseront-elles un peu de temps pour évoquer, en vrac, tout ce que j’ai pu lire depuis l’été dernier ? et pour lire un peu de neuf aussi, parce que ces derniers temps, à part les bouquins d’école, c’est quand même la Pologne.

Il y a eu, en octobre novembre, quasi tout McEwan, romans, nouvelles et novellas, et même un récit pour enfants chez Folio junior - mais pas le livret lyrique récemment écrit pour Michael Berkeley, For You. On ne ressort pas indemne d’un tel marathon de lecture. McEwan est un auteur qui me met curieusement dans un état mêlé d’excitation et de malaise intenses. Excitation à cause de la virtuosité de l’écriture et de la construction narrative, de la profondeur de la réflexion sur l’art du roman, de la finesse de l’observation psychologique,  de la beauté du style. De la présence constante en filigrane des auteurs qu’il doit aimer, et que l’on devine. Woolf ou Golding, par exemple, à propos des trois romans que j’ai déjà chroniqués ici, Expiation, Samedi et Le Jardin de ciment.  Comme s’il y avait aussi, toujours, à la source de sa création, un auteur dont il réécrivait la partition.

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mardi, janvier 13 2009

Westlake* - Ordo


Un bref roman, une longue nouvelle plutôt, cent pages, une « novella » ? disent les Anglo-Saxons, lue dans une salle d’attente. Ordo, traduit par J. P. Manchette, traducteur aussi de Kahawa, du même, il ne se trompait pas dans ses choix. Une qu’illustre parfaitement l’épigraphe au site de Westlake: I believe my subject is bewilderment… (But I could be wrong.).
http://www.donaldwestlake.com/

Narration perplexe du matelot Ordo, un type réglo, un homme d'ordre, un peu obsédé par les origines des gens, et les dates, sur qui retombe en fin de trentaine le bref mariage de ses vingt ans. Mais Estelle Anlic, avec laquelle il a vécu six mois avant que la mère ne fasse casser le mariage – elle avait menti sur son âge, elle était mineure – est devenue Dawn Devayne, star d’Hollywood et possible sex symbol des années 70.

La révélation, dans une revue de cinéma, de ce passé d’Ordo, dérègle sa vie, les gens autour de lui, copains, maîtresse. Aussi part-il en quête d’Estelle, se confronter à ce mystère : « Comment peut-on devenir quelqu’un d’autre, d’Estelle devenir Dawn Devayne, méconnaissable ? ».

Réflexion sur le moi et l’apparence, sur le cinéma, la mort, le sexe et la tendresse, récit sec, aigu, précis, d’une perplexité attentive, en quelque sorte, c’est un texte bref et fulgurant. Parfait.

+ Oui, je sais. Ça fait un peu monomane...
PPS : 6€85 pour cent pages, ça fait 4F50 la page recto. J'aime bien Rivages, j'adore Westlake. Mais quand même, c'est TRÈS cher.
PPPS : Je suis verte de confusion : ça fait 45 centimes -(de franc) la page. Autant pour moi.

dimanche, janvier 4 2009

Les Cordons du poêle - Westlake suite

Très bien le site de Westlake. Sur lequel il est encore en vie et c'est tant mieux. Si vous voulez savoir sous combien de pseudos il a écrit ses innombrables bouquins, allez voir sa biblio, il y a déjà ces six-là : Donald Westlake, Richard Stark, Tucker Coe, Curt Clark, Samuel Holt, Edwin West, et ce n'est pas tout, la mort de Westlake, c'est une véritable hécatombe dans le monde des lettres !
A présent, poursuivons notre lecture :
Un autre épisode, un peu plus loin. Pour tenter de récupérer l’émeraude qu’ils ont volée mais dissimulée par obligation dans un commissariat de police, Dortmunder et ses copains escrocs viennent d’attaquer, en hélico et par les toits, ledit commissariat :

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samedi, janvier 3 2009

Festival de crêpe

Eh bien voilà. Je ne pouvais pas commencer pire. Je fais ma première note de 2009 sur un Westlake pas terrible (on ne devrait jamais commencer une année par une note de lecture négative) et le lendemain, Westlake est mort. La veille, en fait, mais je ne l'ai su que le lendemain, si vous me suivez. Dans le genre hécatombe des humoristes. Comme je n’ai pas envie de me spécialiser dans la notice nécrologique, je préfère vous copier ci-dessous - ce sera le meilleur des hommages - quelques passages savoureux et caractéristiques – parmi les bouquins qui sont encore à la maison. Parce qu’il y aurait eu sinon le début de Jimmy the kid, avec un dialogue nocturne de cour d’immeuble au petit poil, et un autre dialogue, ponctué de monologue intérieur, dans Drôles de Frères, quand Frère Benedict et l’abbé discutent avec le technocrate qui doit raser leur couvent. Grands moments d’hilarité dans ma carrière de lectrice.
Voici donc le début de Pierre Qui brûle (édition folio) rebaptisée Pierre Qui roule (The Hot Rock ) dans la récente édition Rivages. Comme l’indique le premier mot, c’est un Dortmunder. (Ainsi disent les Westlakophiles, par antonomase. Il y a les Dortmunder, et les autres.)

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jeudi, janvier 1 2009

Westlake - Les sentiers du désastre

Je sais pas si vous voyez le topo : je finis l’année avec Gyp (à fuir), et je vais ouvrir la nouvelle avec un bouquin qui s’appelle Les Sentiers du désastre (The Road to ruin). Prions le Ciel qu’il ne s’y cache aucun présage…
C’est un Westlake, et même un Dortmunder, sorti en 2004, et que je viens seulement de découvrir. « Un très grand Westlake », a dit le critique de ''Lire'' cité en 4ème de couv’, avec une des ''Inrocks'' Il n’ont pas dû en lire beaucoup. Il y a un méchant, Monroë Hall, un type riche qui a entubé tout le monde toute sa vie, mais qui a la suite de sa dernière escroquerie majeure ne peut même plus mettre le nez hors de sa splendide propriété de Pennsylvanie sous peine de se faire molester par à peu près tous les habitants de l’État. Ce méchant, dont tout le monde veut tirer vengeance pour toutes sortes de raisons diverses et également bonnes, est entre autres un collectionneur, et c’est là que Dortmunder, Kelp et quelques autres interviennent : il s’agit de lui piquer sa collection de bagnoles. Ce pourquoi Dotmunder va devoir se muer en majordome, et Kelp en secrétaire particulier. Quant à Murch, il sera chauffeur, qui pourrait en douter ? Seulement voilà, la bande de Dortmunder n’est pas la seule sur le personnage, d’autres rôdent, qui ont pour plan de l’enlever.

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mardi, novembre 4 2008

"Leaning, leaning, leaning on the everlasting arms"....

Saluons ici l’initiative de Gallimard, qui pour les 10 ans de la collection Folio Policier réédite quelques romans « culte » accompagnés des DVD de leurs adaptations filmiques, le tout pour 11,90 €. J’ai pour ma part sauté sur La Nuit du chasseur de Davis Grubb, avec le film de Charles Laughton. Je ne connaissais que le film, magnifique conte d’angoisse en noir et argent transfiguré par l’interprétation inspirée et sardonique de Robert Mitchum, entouré d’excellents acteurs, enfants et adultes : le petit John (Billy Chapin), dépositaire du lourd secret confié par son père, et qui ose s’affronter au prêcheur assassin est remarquable de tension, de justesse, de sincérité. Et Lilian Gish ! star du muet, elle est épatante dans son rôle de bonne fée ma foi fort loquace !

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lundi, septembre 8 2008

Valérie Martin - "Indésirable"

J'ouvre ce mois de septembre par un billet que m'envoie Odile, lectrice fidèle et contributrice amicale. Merci à elle.
"C'est pour une fois la recommandation de ma bibliothécaire préférée qui m'a menée vers ce livre de Valérie Martin, qui, comme son nom ne l'indique pas, est à ranger dans la catégorie littérature américaine Indésirable (chez Albin Michel).

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dimanche, août 31 2008

Ian McEwan - Sur La Plage de Chesil

Edward Mayhew, Florence Ponting. Face à face de part et d’autre de la table où leur est servie leur dîner de noces, dans une chambre d’auberge du Dorset, au bord de  la plage de Chesil où depuis le fond des âges, les tempêtes distribuent les galets par ordre de taille, de l’ouest à l’est. Gênés par la présence des garçons d’auberge, par l’anxiété, débordants de tendresse et l’appétit coupé. C’est le début de l’été 1962.
 

 

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mardi, août 26 2008

Huth, Fitzgerald, anglaises...

Parti comme c’est, et à présent que revenue parmi les hommes civilisés, toute connexion internet me semble interdite, je ne vais pas avoir le temps de rendre compte en détail de tout ce que j’ai lu cet été… (oui, je sais, il y a une anacoluthe).
Alors, en vrac. Il y a eu, chez Folio, Un Fils exemplaire (The Boy  Who Stood Under The Horse) d’Angela Huth,

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samedi, mai 24 2008

Modeste Proposition pour empêcher les enfants des pauvres....

La Comédie de Picardie proposait hier une adaptation pour la scène – le monologue d’un technocrate satisfait, indifférent et philanthrope – de la Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays, et pour les rendre utiles au public, assortie d’une petite farcissure de Proposition concernant les mendiants de Dublin. Dit pas David Gabison sur une mise en scène de François Rancillac, avec tableau noir, maximes swiftiennes, et chiffres.

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